La semaine dernière les jeunes danseurs ont pris possession de la scène du Palais Garnier pour une soirée leur étant consacrée. À l’annonce du programme beaucoup étaient assez dubitatifs. Des extraits faisant plus penser à une soirée danseurs-chorégraphes qu’autre chose avec ¾ des chorégraphies créées par des chorégraphes maison.
Pour rappel, lors de la dernière soirée de ce type nous avions eu droit au Corsaire, au Lac des Cygnes, Tchaïkovski pas de deux… Après tout c’est là tout l’attrait des soirées jeunes danseurs. Voir des jeunes pousses du corps de ballet dans des grands rôles de solistes. Et avouons que voir ces danseurs tenir des rôles importants dans des pièces contemporaines ou chorégraphies maison n’est pas si rare ce qui enlevait ici l’originalité du concept.
Ces éléments mis à part, la soirée restait très sympathique et permettait de passer un bon moment.
Wuthering Heights, Kader Belarbi
Ce morceau original cueillait un peu le public à froid avec sa tonalité contemporaine et sa musique faite de chants de petits oiseaux. La salle n’a pas été très réceptive ce qui est bien dommage car Wuthering Heights est un très bon ballet. Sans doute l’un des meilleurs produit par une des étoiles de l’institution. Takeru Coste et Laura Bachmann étaient de plus très justes et très investis. Un plaisir à voir. Et si Takeru Coste est déjà bien connu des balletomanes pour sa personnalité flamboyante, Laura Bachmann est une très belle découverte.
Les enfants du Paradis, José Martinez
L’extrait choisi du ballet dans le ballet était bien trouvé mais sa mise en place finalement un peu bancale. L’entrée dans le silence en ombres chinoises a semblé plaire. J’aurai bien du mal à m’en faire un avis car placée de côté je n’ai absolument rien vu ! C’était d’ailleurs l’un des gros soucis du ballet entier : il a été créé pour être vu de face.
En dehors de cela les interprètes étaient très convaincant Hanna O’Neill en tête. Cette danseuse est resplendissante à chaque fois qu’elle se trouve en scène et a déjà une personnalité bien affirmée. Il me tarde de pouvoir la découvrir dans d’autres rôles.
La Source, Jean-Guillaume Bart
Voilà un extrait qui donne envie de revoir le ballet. Il m’a permis de constater que l’œuvre était encore assez fraiche dans ma tête toutefois il me tarde de la redécouvrir. L’extrait choisi passait très bien et il est finalement assez étonnant de constater que les variations de ce ballet ne sont jamais choisies pour les concours de promotion.
La chorégraphie reste néanmoins très complexe est a posé pas mal de soucis à ses interprètes masculins.
Alice Catonnet de son côté n’a pas encore une personnalité très affirmée (elle est toute jeune en même temps) mais possède le charme discret et la finesse de la danse qui sied bien à Naïla.
Réversibilité, Michel Kelemenis
Une vraie bonne surprise que cet extrait. Je ne connaissais absolument rien de la pièce mais ai été charmée. La chorégraphie est dynamique, inventive et fût très bien servie par Antonio Conforti, Cyril Chokroun et surtout Jennifer Visocchi qui était resplendissante.
Le Parc, Angelin Preljocaj
Quand il n’y en a plus, il y en a encore. On a vu du Parc tout l’hiver et il nous est une nouvelle fois resservit. L’extrait reste toutefois toujours très efficace et semble fait pour Charlotte Ranson. Sa personnalité peut parfaitement s’exprimer ici et c’est un plaisir à voir. Elle était de plus très bien accompagnée par Yvon Demol.
Caligula, Nicolas LeRiche
La bonne surprise de la soirée. On n’en attendait pas grand chose et ce fût finalement l’un des moments les plus acclamés.
J’avoue ma faiblesse, contrairement à une majorité de balletomanes, j’ai toujours bien aimé ce ballet. Bon je ne le reverrai pas des dizaines de fois mais il ne m’a jamais ennuyée ou horripilée.
Les extraits étaient bien choisis, la reconstruction intelligente. Et surtout nous étions en présence d’excellents interprètes ayant chacun très bien compris leurs personnages. Alexandre Gasse a montré beaucoup de force dans sa danse et une vraie implication dramatique en Caligula. Letizia Galloni n’était que grâce et légèreté en Lune. J’espère vraiment qu’elle aura bientôt sa chance au concours de promo car c’est une danseuse formidable. Et enfin Germain Louvet a montré de belles qualités en Incitatus même si le rôle n’est pas hyper dansant (enfin plus ici que dans le ballet original).
Quatre figures dans une pièce, Nicolas Paul
J’ai beaucoup aimé cette pièce de Nicolas Paul même si elle aurait plus sa place dans une soirée mixte de l’ONP. Elle est bien construite, intelligente avec une belle scénographie. Elle mettait très bien en valeur chacun de ses quatre interprètes. Un bon moment.
Fugitif, Sébastien Bertaud
J’avais bien aimé la pièce lors de l’avant dernière soirée danseurs-chorégraphes. Ici on n’en retrouve juste un extrait mais il est assez efficace. Lucie Fenwick et Mickaël Lafon, très impliqués lui rendait parfaitement justice.
Genus, Wayne McGregor
Genus est un très bon ballet que j’ai toujours eu plaisir à voir. L’extrait était ici bien choisi et bien servi par Juliette Hilaire et Hugo Marchand. Le passage perdait toutefois un peu de puissance à être présenté hors contexte.
Amoveo, Benjamin Millepied
La soirée se termine sous forme de passage de témoin avec ce pas de deux du prochain directeur de l’institution. Voilà pour le coup un extrait qui fonctionne très bien seul dans l’exercice du gala. C’est bien construit et très efficace.
Léonore Baulac et Jérémy-Loup Quer y étaient lumineux. Espérons que l’on puisse en voir plus de ces danseurs lors des prochaines saisons.