Ça n’aura échappé à personne, Marie-Agnès Gillot a fait ses adieux à l’Opéra de Paris le 31 mars dernier.
Pendant les jours qui ont précédé, les messages émus des balletomanes ont afflué sur la toile, exprimant leur nostalgie et leur tristesse de voir une si grande danseuse qui a marqué sa génération, tirer sa révérence.
Une nostalgie à laquelle je me joins. Au risque de passer pour une vieille (ahlala ça y est j’y suis !), je suis de la génération qui a mis ses premiers pieds de petite fille dans un studio de danse dans les années 90. Il n’y avait ni vidéo Youtube, ni forum, ni groupes Facebook. Pour moi l’Opéra c’était les DVDs de Don Quichotte ou la Belle au Bois dormant avec Manuel Legris et Aurélie Dupont en vedette. Et dans les « seconds rôles », impossible de ne pas être captivé par cette danseuse si singulière à l’énergie communicative et au charisme si fort. C’était Marie-Agnès.
Je l’ai vue pour la première fois « en vrai » dans Genus de Wayne McGregor. Avec ses longs bras, sa présence magnétique, elle fascinait. Les premiers mots qui viennent pour décrire cette artiste sont unique ou hors-norme. Et hors-norme elle l’est. Tout spectateur a au moins un souvenir fort de Marie-Agnès Gillot, une image qui reste en mémoire.
Pour ses adieux, elle a choisi Orphée et Eurydice de Pina Bausch. Un choix chargé de sens pour elle. On peut toutefois regretter que l’œuvre et le rôle manquent parfois un peu de force. Même si le ballet possède de superbes ensembles et que Marie-Agnès écrase la distribution de son talent, on la voit finalement peu et la musique semble plus mise en avant que la danse.
La partie « adieux » à proprement parler était à son image : généreuse et dynamique. Remplie de moments tantôt drôles, émouvants ou spontanés. Une belle image pour cette artiste qu’on n’a heureusement pas fini de voir évoluer.