Après une belle série de Don Quichotte, dont je n’ai malheureusement pas pu vous parler à cause d’un problème personnel, le retour d’Onéguine au Palais Garnier est l’occasion de recommencer mes chroniques.
Ma dernière représentation d’Onéguine était pour les adieux d’Isabelle Ciaravola qui reste encore aujourd’hui mon plus beau souvenir de danse à l’ONP. Aussi la barre était assez haute, voir inatteignable.
Cela n’empêche pas pour autant de passer une très bonne soirée. Il faut commencer par noter qu’Onéguine de John Cranko est un ballet extrêmement efficace. Trois actes courts, bien construits avec une histoire très lisible, de beaux moments de danse et une émotion toujours présente. Bien sûr, l’œuvre a également besoin de bons interprètes pour vivre.
Cette distribution était dominée par le couple principal Dorothée Gilbert et Audric Bezard. Depuis plusieurs saisons déjà, Dorothée Gilbert connaît une formidable évolution, complétant sa magnifique technique par une profondeur d’interprétation qui lui fait atteindre des sommets. Sa Tatiana est cohérente d’un bout à l’autre, aussi convaincante en jeune fille naïve et amoureuse qu’en femme déchirée.
Elle s’accorde très bien avec Audric Bezard dont c’est l’un des rares premiers rôles, semble être l’Onéguine idéale. Ténébreux et torturé, il donne tout avec un jeu expressif. L’émotion est bien sûr à son apogée lors du pas de deux final qui nous laisse toujours quelque peu sonné.
Jérémy-Loup Quer a fait des débuts un peu timides dans le rôle de Lensky qui apparaissait ici clairement comme un second rôle alors que le personnage peut avoir bien plus de relief. Il était en revanche très bien accompagné par Muriel Zusperreguy qui maîtrise totalement le rôle d’Olga était piquante comme il le faut.
Le corps de ballet était un peu effacé face au couple principal. J’attends de voir leur évolution au fil des représentations.