La belle au bois dormant, c’était un peu l’arlésienne. Tous les ans on pensait peut être la revoir et cela n’arrivait jamais. C’est l’un des rares grands classiques dont il aura fallu attendre près d’une décennie entre deux séries à Paris. Lors de la dernière reprise Myriam Ould-Braham était encore sujet et dansait ici son premier grand rôle et Aurélie Dupont dansait encore les ballets de Noureev.
Pourtant la Belle au bois dormant est LE classique par excellence ! Ca dure près de 4h avec tout plein de tutus pastels, de fées, de gens beaux et gentils, d’oiseaux/ chats/ pierres précieuses qui dansent… Une jolie princesse ensorcelée et un gentil prince qui vient la délivrer, tous les ingrédients du conte de fée sont là. Et avec sa musique de Tchaïkovski (ou comme on peut l’entendre dans la salle « la musique du Disney ») et son enchainement de variations académiques tous les ingrédients du grand ballet y sont également.
Après avoir vu les derniers Noureev on pouvait pourtant avoir quelques craintes. Ensembles brouillons, manque de solistes, on en venait à penser que la troupe n’était plus capable de danser ces ballets. Grosse erreur ! Je ne sais pas quel a été le déclic (meilleur coaching, regain de motivation…) mais cette Belle porte bien son nom. La représentation d’hier était superbe.
Tout d’abord la production est assez magnifique. Décors grandioses, costumes de rêve, tout est là pour nous plonger dans le conte de fée.
Le corps de ballet se montre impressionnant avec des ensembles impeccables et surtout une vraie implication de l’ensemble des interprètes. C’était très vivant et chaque tableau (prologue, valse, rêve du prince, mariage…) faisait forte impression. Un vrai bonheur.
Les solistes n’étaient pas en reste et c’était bien là le gros point fort de cette représentation : une distribution homogène de haut niveau. « le couple principal était superbe mais les seconds rôles décevants », « bon solistes mais corps de ballet pas en place », « magnifique corps de ballet, dommage que les solistes n’étaient pas à la hauteur ». On ne lisait que ça ces dernières années.
Pas de ça hier soir. Le prologue était très bien mené par les sept fées et les divertissements du mariage très applaudis (et c’était bien mérité).
Enfin le couple principal était un vrai régal. Quel plaisir de voir une aussi belle danse, un beau partenariat…
Ludmila Pagliero s’impose définitivement comme la valeur sûre des étoiles féminines dans le classique. On peut prendre des places pour ses représentations les yeux fermés en sachant que le spectacle sera toujours de qualité. Elle réussi de plus à affiner son interprétation au fil du temps. Son Aurore était des plus convaincante. Timide avec une pointe d’espièglerie bienvenue. Et surtout sa danse et absolument réjouissante et ne souffre d’aucun défaut. Un pur bonheur.
Josua Hoffalt signait avec le rôle de Désiré son retour sur scène après plus d’un d’absence. Son prince est lui aussi très beau avec une technique brillante (malgré un peu de fatigue sur la fin). Son interprétation est assez intéressante et il se sort parfaitement de la si longue variation du 2e acte. Un passage qui demande de garder la même intensité sur plus de 5 minutes, c’est fort ! J’ai hâte de voir ce que les autres interprètes du rôle vont faire de ce passage.
Le danseur s’accorde de plus très bien avec Ludmila Pagliero et j’ai trouvé qu’il formait un beau couple de conte de fée.
Vous l’aurez compris, cette représentation était un vrai plaisir. Quand tout est en place comme c’était le cas avec une si belle production et de bons interprètes, la magie opère !
On se retrouve très vite avec quelques autres Belle et une représentation du Parc. Si tout ce passe bien ma prochaine représentation verra Mathieu Ganio et Eleonora Abbagnato dans les rôles titres.