« Mais si, ça c’est super connu ! ».
En entendant ma voisine répéter cette phrase 5 ou 6 fois pendant la représentation, je me suis posée la question : mais au fond qu’est-ce qui n’est pas connu dans le Lac des Cygnes ?
Ce ballet attire toujours un public nombreux et varié venu voir « LE ballet classique des ballets classiques » et il n’est pas besoin d’être un balletomane avertit pour connaitre la musique de Tchaïkovski, les quatre petits cygnes, les mouvements des actes blancs…
J’ai toujours du mal à dire quel est mon ballet préféré. Pour autant, à bien y réfléchir, le lac des cygnes doit être en bonne position. C’est certainement celui que j’ai vu dans le plus de versions différentes car il est l’un des plus intéressant à comparer.
On peut ainsi voir ceux qui ont des fins heureuses ou tragiques, les cygnes russes ont des ports de bras comme-ci, les anglais comme-ça…
Aux vues de tous ces éléments et des nombreuses réactions lues suite à la première représentation de la série par l’Opéra de Paris, je me suis rendue à l’évidence : il allait être impossible d’attendre jusqu’au 21 décembre pour revoir ce ballet.
Me voici donc bien décidée à braver le froid et la neige pour me rendre à l’Opéra Bastille.
Hier, jeudi 2 décembre, se sont Emilie Cozette et Karl Paquette qui nous offraient leur vision de cette œuvre mythique.
J’ai trouvé Emilie Cozette assez mal à l’aise dans le rôle d’Odette. Quelque chose me gênait dans son travail de bras sans que je parvienne à dire quoi mais surtout ses développés manquaient d’amplitude. Ils s’élevaient la plupart du temps un peu au dessus des 45° et pour un rôle comme celui là c’est vraiment dommage. Elle c’est mieux sortie du rôle d’Odile où son interprétation était recherchée et cohérente.
A ses côté Karl Paquette campe un bon Siegfried. Il est très investit dans son rôle. Techniquement il s’en sort bien même si on le sens à la peine au 3e acte. Le public ne lui en a pas tenu rigueur et lui a réservé de chaleureux applaudissements. Après, Karl Paquette me fait un peu le même effet que José Martinez (même ce ne sont pas du tout le même genre de danseur et que je trouve le premier plus attachant). C’est bien, je sais que c’est bien, on passe un bon moment mais je n’arrive pas à m’extasier devant, à être complètement emballée. Et pourtant quand je vois le nombre de personnes qu’il compte parmi ses fans j’ai l’impression de passer à côté de quelque chose. Mais c’est comme ça !
En revanche, il est toujours aussi excellent partenaire même si j’ai eu du mal à voir une vraie complicité entre les deux étoiles.
Pour venir jouer les troubles fête chez notre joli couple, nous avions droit à Stéphane Phavorin dans le rôle du méchant Rothbart. Un méchant très très méchant au point que j’ai un moment eu l’impression qu’il en voulait à ce pauvre Siegfried. Avec ses mouvements de bras très brusques on avait l’impression qu’il cherchait à le zigouiller. J’ai ressenti une ambiance de peur plus que de fascination. Au troisième acte, ses grands mouvements de cape donnaient un côté très caricatural à son personnage. Cela contrastait avec l’interprétation très fine de Karl Paquette qui jouait bien le trouble et l’ambiguïté sexuelle du personnage à travers ses regards et ses gestes. J’imagine que le duo avec Stéphane Bullion devait être plus intéressant de ce côté-là mais hier soir si j’avais été à sa place je me serai enfuie en courant ! Cependant, Stéphane Phavorin a exécuté une très belle variation, très propre et légère.
Mais le Lac des cygnes ne se réduit pas aux rôles titres. Il ne serait en effet rien sans… les cygnes !
Et ceux de l’Opéra de Paris sont vraiment magnifiques. Je pense que quelle que soit la distribution des solistes, on ne peut ressortir qu’émerveillé devant de si beaux ensembles.
Au premier acte, outre le fait que j’ai eu l’impression d’être tombée dans une faille spatio-temporelle en voyant Florian Magnenet dans le corps de ballet (mais c’est bien sur ! les promotions du concours ne seront effectives qu’en janvier !), j’ai trouvé la valse assez brouillonne. La faute à la chorégraphie plus qu’aux interprètes. Myriam Ould-Braham était pleine de fraicheur et de grâce dans le pas de trois même si je trouve que la partie de la première jeune fille est plus ingrate que la seconde beaucoup plus valorisante (à mes yeux). A ses côtés, Ludmilla Pagliero était pleine de peps. J’aurai aimé la voir dans le rôle titre mais je me contenterai de lire les impressions des autres. Christophe Duquenne était techniquement en place mais sans plus.
Au deuxième acte c’es la magie qui domine et il n’y a rien à ajouter.
J’ai un peu de mal avec les danses de caractère du troisième acte mais je crois que je me suis trop focalisée sur les chemises de nuit de grand-mère qui servaient de costumes aux jeunes filles ! Néanmoins, tous les solistes ont assuré avec une mention particulière pour Charline Giezendanner dans la Czardas et Sabrina Mallem en belle espagnole.
Puis arrive le quatrième acte… C’est drôle, la plupart des gens se pâment devant l’acte 2, moi c’est le premier quart d’heure de l’acte 4 ! Cette chorégraphie, cette musique, cette mélancolie… Ca me fiche toujours des frissons. De plus j’aime ce dénouement dramatique. Ca vous laisse un peu déprimé et sous le choc mais c’est bien mieux que le « mais non c’est pas grave que tu m’ai pas reconnue et que t’en ai choisi une autre. Viens maintenant on va botter les fesses au grand méchant vilain ».
Pour conclure, c’était une bien belle soirée. Même si les interprètes principaux n’étaient pas idéaux, le ballet se suffit à lui-même et on passe toujours un très bon moment.
Un bon moyen de se mettre en jambe en attendant la suite !