Hier soir, deuxième représentation pour moi de la soirée Lifar/Ratmansky avec une distribution toute chamboulée. On attendant Agnès Letestu en Phèdre et on aura finalement eu Marie-Agnès Gillot. Benjamin Pech quant à lui a été remplacé par Mathieu Ganio sur Psyché.
Si le second remplacement ne me gênait pas, je suis en revanche assez déçue de ne pas avoir pu découvrir une seconde Phèdre. Mon avis sur l’interprétation de Marie-Agnès Gillot n’a pas changé. Toujours énormément de présence et d’engagement mais une danse parfois trop brutale. De plus elle avait cette fois-ci moins de répondant en face d’elle avec Sabrina Mallem dans le rôle d’Oenone. Cette dernière a une plastique parfaite et une belle technique mais il lui a manqué un petit quelque chose vraiment s’imposer. Son statu de second rôle apparaissait clairement là où Alice Renavand volait presque la vedette à sa partenaire.
Hippolyte avait hier les traits de Yann Saïz. Le sujet a réussit à rendre son rôle très intéressant et touchant. Son passage avec Aricie était un vrai beau moment calme et inspiré. A noter la belle prestation de Marion Barbeau encore quadrille mais à qui l’on souhaite le meilleur pour le concours de promotion à venir. Leur duo était très équilibré et plaisant à voir. Autre moment où Yann Saïz a excellé : durant sa confrontation avec son père Thésée. La relation entre les deux personnages et le drame se mettant en place était beaucoup plus limpide qu’avec la première distribution.
Il faut dire que Stéphane Bullion campe un Thésée très imposant, même vraiment impressionnant. Plein d’autorité mais aussi de rage et de colère il donne à son personnage une force étonnante. Il est au final la plus grande satisfaction de cette distribution.
De la tragédie grecque, on passe au petit monde enchanté de Psyché. A voir ce ballet une seconde fois, je me suis dis qu’il n’aurait certainement pas résisté à une vision de plus ! Trop niais, trop dégoulinant, il n’est véritablement sauvé que par ses interprètes.
Clairemarie Osta est certainement l’incarnation la plus idéale de Psyché. Voici une interprète qui ne me déçoit jamais. Elle apporte toujours quelque chose d’extrêmement personnel et intelligent à ses rôles. Elle incarne une Psyché toute en finesse et légèreté. Je reprochais à Aurélie Dupont un peu trop de sophistication à mon goût alors que Clairemarie Osta respire la simplicité et la joie de vivre.
A ses côtés, Mathieu Ganio prête ses belles lignes au rôle d’Eros. Inutile de préciser que sa danse est quasi sans faille et très plaisante à voir. Son partenariat avec Clairemarie Osta est toujours aussi efficace. Malgré le manque de répétition, les deux étoiles confèrent toujours une belle harmonie à leurs pas de deux tout comme à leurs interprétation. Ils sont sur la même longueur d’onde ce qui manquait parfois au couple Dupont/Bullion. Attention toutefois pour Mathieu Ganio à ne pas prendre constamment cet air parfaitement réjouit ! Le ballet est suffisamment cul-cul comme ça, pas la peine d’en rajouter !!
Au final cette soirée Lifar/Ratmansky aura été beaucoup moins désagréable que ce que j’avais pressenti. J’imagine que cela fonctionne grâce au petit nombre de représentations vues. Contrairement à une grande partie du public (si l’on en croit l’applaudimètre) j’ai été bien plus convaincue par Phèdre que par Psyché qui n’est pas un ballet désagréable mais aurait sans doute mérité d’être coupé d’une dizaine de minutes avec une fin un peu moins dégoulinante.
Maintenant il ne nous reste plus qu’à attendre patiemment la première de la Source et en attendant de peut être faire un petit tour du côté du théâtre Marigny pour Cabaret (oui changement total d’ambiance).