Avant dernière représentation du Lac des Cygnes et déjà la dernière pour moi. Comme il faut bien gagner sa vie, c’est la mort dans l’âme que j’ai revendu ma place du 5 janvier au profit d’une réunion professionnelle.
La distribution du 4 janvier est l’une des rares à ne pas avoir été modifiée au niveau des deux personnages principaux.
Sarah Kora Dayanova, Sabrina Mallem, Vanessa Legassy et Héloïse Bourdon
Je passais donc ma dernière soirée à Bastille en compagnie de Laetitia Pujol et Mathias Heymann.
Au premier acte, Mathias Heymann campe un prince assez serein, voir heureux. Il ne semble ni perdu, ni rêveur, pas vraiment la vision que je me faisais de Siegfried. Il est également très stressé et enchaine les erreurs techniques. Il se fait écraser par Stéphane Phavorin qui campe un Rothbart très autoritaire. Toutefois, les deux danseurs ne sont pas vraiment sur la même longueur d’onde. C’est d’ailleurs un reproche que l’on peut faire à l’ensemble de la représentation. Nous avons eu droit à trois excellents solistes qui ont fait trois très belles prestations mais j’ai peu eu l’impression qu’ils dansaient ensembles. Ils ne semblaient pas vraiment accordés. Peut être est-ce un problème de manque de répétitions.
Bien heureusement Mathias prendra de l’assurance pas la suite pour nous offrir une très jolie variation lente qui nous emmène tout droit vers le second acte et la découverte du cygne de Laetitia Pujol. J’ai été très touchée par l’interprétation de l’étoile. Je l’ai trouvée belle, émouvante avec de très beaux bras.
L’adage blanc m’a particulièrement marqué. Laetitia Pujol est un cygne très dramatique. Elle est réellement prisonnière de sort depuis (on l’imagine) un certain temps. Elle est réellement en souffrance au début de l’acte et trouve en Siegfried un peu de repos et de douceurs. C’était très visible dans certains passages de l’adage qui m’a vraiment ému. Les variations solistes étaient très réussies (même si je n’aime pas du tout celle de Siegfried) et les petits cygnes étaient très synchrones. Les grands cygnes sont toujours aussi majestueux.
Stéphane Phavorin, Laetitia Pujol et Mathias Heymann
Troisième acte et retour des éternelles danses de caractère sur lesquelles je ne m’éterniserai pas.
Mathias Heymann est beaucoup plus à l’aise dans cet acte. Je l’ai trouvé très frai et naturel. J’aime beaucoup la façon dont il expliquait à sa mère qu’il ne voulait pas se marier. C’était très décidé, comme un petit garçon capricieux. Mais c’était très crédible avec son personnage plus adolescent que jeune homme. Il garde la même attitude lorsqu’il envoi bouler ses prétendantes. L’air de dire « tu m’as contrarié et bah voilà ! Maintenant t’es pas beaucoup plus avancée ! ».
Je me suis d’ailleurs rendue compte d’un grand manquement dans mes derniers articles. Je n’ai jamais parlé des fiancées. Elles sont pourtant toutes mignonnes dans leurs longues robes roses et ont bien du courage de se faire recaler soir par soir par tous les princes que compte la compagnie. J’ai toujours aimé ce passage, c’est mon côté mièvre !
Mais revenons à notre cygne noir. Le pas de trois était définitivement l’un des clous du spectacle. Laetitia Pujol est très à l’aise dans rôle machiavélique et l’interaction avec Siegfried et Rothbart fonctionne vraiment très bien. Mathias Heymann nous fait une belle démonstration technique dans sa variation et la coda est un vrai feu d’artifice.
L’acte 4 est toujours aussi beau. Je ne m’en lasse pas pour les parties corps de ballet. En revanche le pas deux manquait d’émotion avec une nouvelle fois cette impression d’avoir deux individualité à la place d’un couple.
Toutefois Mathias Heymann était très touchant dans sa peine. Cette façon de s’agenouiller tout près du cygne à la fin de leur pas de deux était très émouvante.
Et voilà comment s'achève ma série de Lac des Cygnes. Une bien belle représentation avec des danseurs investits. Même si elle n'a pas atteint des sommets d'émotions c'était une très jolie conclusion.