La saison des ballets de fin d’année a enfin commencé ! Cette année deux ballets s’affrontent à l’Opéra de Paris. Onéguine au Palais Garnier, Cendrillon à Bastille.
Pas mal de distributions intéressantes et un vrai casse-tête pour choisir ses places. D’un côté on veut une Cendrillon pour tel danseur, de l’autre Onéguine pour telle danseuse, ah mais ce soir je peux pas aller à Garnier je suis à Bastille, au non deux Cendrillon deux soir de suite c’est pas possible…
Au final mon planning a été réglé. J’ai toutes les distributions que je veux aux dates qui m’arrangent.
Aussi, lorsque cela ne se passe pas comme prévu, ça me contrarie !
La soirée du 1er décembre a donc très mal commencé. Mes amis de RATP ne faisant jamais les choses comme il faut, le RER a trainé, trainé pour finalement s’immobiliser à Cité universitaire. De là démarre une folle course poursuite entre le tram, la ligne 4 et la ligne 1. Je réussi à sauver les meubles en arrivant à 19h 34 précise à l’Opéra Bastille. Mais là horreur/malheur, aucun retard n’est toléré. J’ai beau être placée au dernier rang du parterre contre l’allée, pas moyen d’entrer dans la salle. Me voici donc contrainte de passer le premier acte devant un écran de diffusion sur lequel on ne voit absolument rien du spectacle. Je rumine. D’autan plus que ce n’est pas donné les places ! Il est fini le temps où on pouvait se permettre d’aller voir une distribution pas bien passionnante juste par curiosité. A l’heure où l’on peut payer jusqu’à 40€ un fond de loge de côté, il faut soigneusement choisir ses représentations. Autan dire que j’ai passé trois bons quart d’heure à maudire l’Opéra, la direction le service marketing…
Erwan Leroux, Yann Saïz
Aussi il va m’être bien difficile de commenter cette représentation. Comment, en effet parler de la prestation des artistes lorsque l’on a manqué un tiers du spectacle ?
Je ne vais donc parler que de ce que j’ai vu.
Le second acte s’ouvre donc sur les scènes de cinéma. Des passages peu chorégraphiés mais assez plaisants. La scène du prisonnier est toujours aussi efficace en grande partie grâce au décidément excellent François Alu. King Kong est assez rigolo pour son côté gadget et remporte un beau succès auprès du public.
Karl Paquette
Puis nous arrivons au bal avec de beaux danseurs tout vêtus de doré. Les deux sœurs et la marâtre de Cendrillon amènent le côté comique de la situation. La toute nouvelle première danseuse Alice Renavand est impayable dans sœur bleue. Elle en fait des tonnes pour faire apparaitre une peste qui n’a décidément pas inventé l’eau chaude. Elle ne quitte jamais son personnage et il est réjouissant de l’observer lorsque sa sœur danse. Elle ne reste pas statique. Elle l’encourage, bouge, aborde des mimiques assez hilarantes. Le revers de la médaille est que Nolwenn Daniel apparait pour le coup comme très en retrait. Elle n’est pas sur la même longueur d’ondes. Leurs deux approches sont différentes et ne vont pas extrêmement bien ensemble. Difficile en revanche de se faire une idée de la marâtre de Simon Valastro quand on n’a pas vu le premier acte. Pour ce qui est des suivant, j’ai trouvé son personnage assez méchant et du coup pas très drôle. C’est un point de vue qui se défend car après tout dans le conte elle est la méchante de l’histoire. Cependant, dans cette version ballet, la belle-mère est vraiment là pour apporter du comique. C’est dommage car le sujet excelle d’ordinaire dans ce registre.
Alice Renavand, Nolwenn Daniel
Autres invités du bal, Alessio Carbone qui fait preuve de beaucoup de second degré en professeur de danse. Il ne désespère jamais malgré l’incompétence flagrante de ses élèves.
Karl Paquette est quand à lui très à son aise en producteur/bonne fée mais avec tout ce qu’il danse en cette fin d’année avait-il vraiment besoin de ce rôle en plus ?
Venons en maintenant aux héros. Nicolas LeRiche a fait une entrée un peu fébrile avant de quitter la scène à la fin de sa variation. Je dois avouer que su le coup, je n’ai pas soupçonné le moindre problème.
Toutefois quelques secondes plus tard c’est bien Yann Saïz toujours dans son costume de metteur en scène qui a commencé le pas de quatre avec les sœurs vite rejoint par Karl Paquette. Honnêtement, lorsque l’on connait mal (ou pas) la chorégraphie, on y voit que du feu. Tout c’est fait le plus naturellement du monde, sans panique, sans que l’on ressente quelque chose d’anormal. Cela semblait faire partie de la chorégraphie.
Mais au moment de la rencontre avec Cendrillon l’acteur vedette m’a paru bien grand et bien chevelu pour être Nicolas LeRiche ! Vérification à la jumelle, il s’agit bien de Florian Magnenet. Le premier danseur (qui performait tout de même la veille aux côtés de Marie-Agnès Gillot) a dû être catapulté en catastrophe sur scène. Il n’était pas coiffé, pas maquillé et visiblement pas échauffé.
Il ne c’est toutefois pas économisé. Malgré une variation un peu allégée il a assuré un très beau pas de deux du tabouret avec une Dorothée Gilbert d’un naturel désarmant. On avait l’impression que tout était prévu, tout était facile. L’étoile campe une bien belle Cendrillon. Son entrée sous les flashs des photographes était féérique. Pour le coup, elle faisait plus princesse que starlette mais qu’importe. On vient aussi voir un conte de fée.
Dorothée Gilbert, Florian Magnenet
L’acte 3 c’est déroulé dans une sérénité tout à fait étonnante aux vues des circonstances. Florian Magnenet c’est investit à 100% dans son rôle d’acteur vedette en quête de sa belle. Dorothée était pour sa part très touchante une fois redevenue souillon. Leur pas de deux final avait un vrai souffle. On sentait que le courant passait entre les deux interprètes. Attention tout de même pour Florian Magnenet à ne pas prendre trop souvent cet air « ravi de la crèche » que ne renierait pas Mathieu Ganio. Toutefois il n’est pas évident de garder le second degré demandé à l’acteur vedette tout au long du ballet. Et puis je trouve Magnenet fait pour ces rôles de princes qui n’ont pas grand-chose à dire et se contentent de danser la mèche au vent. C’est simple, il me fait penser à Eric le prince de la petite sirène ! Il n’est certainement pas une étoile en puissance mais assure bien sa fonction de premier danseur.
On peut donc pour cette représentation dire un immense Bravo à tous les solistes pour leur sang froid et leur professionnalisme. Je pense tout particulièrement à Karl Paquette et Yann Saïz (qu’il serait bien en acteur vedette !) qui m’ont impressionnée. Et évidemment un grand bravo à Dorothée Gilbert et Florian Magnenet qui malgré les circonstances ont réussit à me faire passer une très bonne soirée (c’était pourtant bien mal partit !!). Cela ne doit pas être évident d’assurer le rôle titre masculin quand une partie de la salle est là pour un autre. Une dizaine de personnes autour de moi sont d’ailleurs parties au 2e entre acte déçues de ne pouvoir voir LeRiche, elles ont été bien bêtes !
Après les commentaires, les questions.
La blessure de LeRiche si elle est sérieuse va à coup sûr entrainer une valse des distributions. Brigitte Lefebvre a dû passer une bien mauvaise nuit !
L’étoile devait assurer la première d’Onéguine dans une semaine. Sera-t-il remplacé ? Ou alors un autre couple prendra sa place ? Aurélie Dupont assurant les dernières Cendrillon avec Josua Hoffalt, difficile d’imaginer qu’elle décale ses Tatiana. Un nouvel interprète alors ? Karl Paquette sera-t-il le nouveau sauveur de la situation ?
La suite au prochain épisode (c’est horrible on dirait presque un teasing de série télé).
Pour moi ce sera la semaine prochaine avec la distribution Bullion/Letestu. En espérant que tout ne change pas d’ici là !