Hier était une journée de gala. Pas moins de trois spectacles impliquant des danseurs de l’Opéra de Paris avaient lieux en région parisienne.
Pour ma part, j’ai fais au plus près en me rendant au gala Carte blanche à Agnès Letestu à l’Opéra de Massy. Cette salle est assez chère à mon cœur puisque j’y ai dansé plusieurs fois même si c’est à un niveau tellement inférieur qu’il ne sert à rien de comparer ! Mais j’imagine que la prochaine fois que je serais en coulisse j’aurais une petite pensée pour cette après-midi.
Le programme était pour le moins alléchant avec deux pièces de José Martinez, une de Samuel Murez ainsi qu’une création de Pierre Lacotte. Niveau danseurs, deux étoiles, deux premiers danseurs et quelques petits jeunes qu’il est toujours intéressant de découvrir.
Tarentella (Georges Balanchine)
Charline Giezendanner, François Alu
On commence avec un sympathique pas de deux de Balanchine qui mise beaucoup sur la virtuosité, ce dont les deux danseurs de manquent pas.
Charline Giezendanner est comme à son habitude toute à fait charmante et souriante avec une technique de fer. Elle respire la générosité ce qui est très plaisant à voir. A ses côtés le jeune quadrille François Alu ne dépareillait pas. Il a assurément beaucoup de potentiel.
Delibes Suite (José Martinez)
Léonore Baulac, Audric Bezard
On continue avec un pas de deux dont j’avais beaucoup entendu parler sans jamais le voir. La pièce est très sympathique avec quelques jolis passages chorégraphiques mais j’ai eu tout de même un peu de mal à accrocher. Ce n’était pas aussi original que ce que j’imaginais.
Pourtant Léonore Baulac et Audric Bezard se sont donné du mal. La jeune quadrille montre des qualités évidentes. Elle a beaucoup de style et de très beau mouvement de bras. Le tout respire la facilité. Quant à son partenaire, son charisme est évident. Il impose à chacun de ses passages une présence que l’on ne peut ignorer. La chorégraphie le mettait très en valeur.
Processes of intricacy (Samuel Murez)
Ludmila Pagliero, Josua Hoffalt
Ce pas de deux de Samuel Murez est la première vraie curiosité de la soirée. Une voix de régisseur à peine sortie du silence surprend le public qui se demande si le tout est calculé ou pas. Le cyclo se lève à moitié, découvrant les projecteurs. Les deux danseurs arrivent l’un après l’autre, commencent à danser dans le silence à peine interrompu par la petite voix du régisseur.
L’idée de la pièce est de montrer l’envers du décor. Les deux danseurs sont comme en répétition au milieu d’un décor qui se met en place. Toutefois les premiers danseurs sont loin d’être à l’économie. La chorégraphie ne les ménage pas. Ils font preuve de beaucoup d’engagement.
Lettres d’un joueur (Pierre Lacotte)
Agnès Letestu, Stéphane Bullion
On en arrive à la création de Pierre Lacotte. Inspiré de la correspondance de Fedor Dostoïevski avec sa seconde épouse Anna, ce pas de deux nous expose les tourments d’un couple dont l’homme est en proie à une addiction au jeu.
D’inspiration néo-classique, cette pièce fait fortement penser à du Neumeier et en particulier la Dame aux Camélias avec ses grands sentiments et portés acrobatiques. Le problème est que la chorégraphie n’est composée quasiment que de portés. Au début c’est plaisant et impressionnant, puis on fini par en avoir mal pour le danseur. Stéphane Bullion est un excellent partenaire et passe le tout avec une apparente facilité mais trop c’est trop. Reste les deux interprètes, toujours excellents comédiens.
Non, rien de rien (Ivan Favier)
Agnès Letestu, Stéphane Bullion
Après l’entre-acte, on retrouve le couple d’étoiles dans un registre totalement différent. Sur la célèbre chanson d’Edith Piaf, les deux danseurs évoluent sur un carré d’herbe et jouent les jeunes amoureux. C’est frais, touchant. On n’a pas l’habitude de les voir dans ce registre et c’est très agréable.
Les Bourgeois (Ben Van Cauwenbergh)
François Alu
On continue dans la chanson française avec le très célèbre solo de Ben Van Cauwenbergh, grand classique des galas.
Ce passage fait de François Alu la grande révélation de la journée ! Son interprétation était très juste, sa technique d’une belle propreté. Le quadrille a reçu une ovation plus que méritée du public.
Lady McBeth (Pasqualina Noël)
Pasqualina Noël
Grand moment d’incompréhension et d’ennui du programme avec ce solo de l’artiste invitée.
La pièce est assez longue pour une danse pas assez présente. La danseuse passe finalement pas mal de temps à marcher entre différents carrés de lumière avant de finir en chemise ensanglantée dans un cercle.
Ce passage dénotait franchement avec le reste de la soirée et a semblé surprendre le public.
My Favorita (José Martinez)
Charline Giezendanner, Ludmila Pagliero, Léonore Baulac, Josua Hoffalt, Audric Bezard, François Alu
Second ballet de la soirée pour José Martinez. Une œuvre parodique se moquant gentiment des codes du ballet classique et des danseurs.
Les 6 danseurs étaient tous excellents avec une mention spéciale à Ludmila Pagliero parfaite en vraie fausse diva. Décidément cette ballerine est pleine de surprises.
Les trois garçons étaient également très bons dans leur petite guerre des égos qui a apportée de beaux passages de virtuosité.
La dame aux Camélias (John Neumeier)
Agnès Letestu, Stéphane Bullion
On termine avec un grand classique de gala, le black pas de deux de la Dame aux Camélias. Stéphane Bullion et Agnès Letestu sont des habitués des rôles et ont prouvés à plusieurs reprises qu’ils y excellaient.
Ici l’émotion est toujours palpable et conclu en beauté cette belle après-midi.